28-02-2024

Pouvez-vous m’expliquer ce qui vous a amenée à travailler comme bénévole ?

Je voulais faire quelque chose qui me procure un sentiment de satisfaction, quelque chose d’utile. J’ai donc commencé à faire des recherches sur internet. C’est comme cela que j’ai fini par démarrer une activité de bénévole en 2019 avec Solidaris. 

Aviez-vous une expérience dans le bénévolat avant cela ?

Oui, quand j’étais jeune, j’ai été bénévole à la clinique Saint-Jean de Bruxelles. Cette première expérience m’a marquée. La dame à qui je rendais visite souffrait d’Alzheimer et était fortement dépendante. Elle ne pouvait plus manger toute seule ni même parler. Je lui ai rendu visite pendant 2 ans. Lorsqu’elle est décédée, j’ai continué à garder contact avec son mari et aujourd’hui nous nous appelons encore de temps à autre

Vous vous rendez pour le moment chez une autre dame, la situation est-elle aussi difficile ?

Cette garde-ci est complètement différente. La dame est aussi atteinte de démence, mais je peux papoter avec elle. Je peux aussi passer un agréable après-midi en sa compagnie, à condition de me montrer patiente... Je dois sans cesse m’adapter à sa situation et faire preuve d’empathie. Si je la force à faire quelque chose, elle se mettra très certainement en colère. Je dois prendre mon temps et une fois qu’elle est d’accord, alors on passe un cap et on peut passer à quelque chose de plus réjouissant…

Vous dites qu’il faut s’adapter au patient. Qu’entendez-vous par là ?

Je me montre souple par rapport à la personne. Par exemple, si une personne atteinte de démence ne veut pas se lever, eh bien elle ne veut pas ! Cela peut prendre jusqu’à une heure pour sortir d’une telle impasse. Mais la victoire n’en est que plus savoureuse ! Et je le redis, je peux vraiment rire et m’amuser avec la dame à qui je rends visite, donc je passe vite au-dessus !

Y a-t-il des conditions ou des choses qui vous amèneraient à refuser une mission en tant que garde à domicile ?

Oui, si le courant ne passe pas, je n’irai pas plus loin. Mais, au départ, je ne refuse aucune garde, que le patient soit dément, en soins palliatifs ou dans une autre situation de vulnérabilité. Mais il doit montrer un peu de gratitude. Ou du moins, je veux dire qu’il faut en ressentir. Que ce soit réciproque, qu’il l’exprime aussi – parce si j’ai l’impression d’être « utilisée », je ne continuerai pas.

À quoi ressemble une journée en tant que garde à domicile ?

Ah ! J’arrive maintenant, par exemple. Madame est au lit et n’a pas encore mangé (ndlr : 12 h). Si je ne lui rendais pas visite, madame ne mangerait tout simplement pas. J’essaie donc de la réveiller et de la faire sortir du lit pour aller dîner avec elle. Je réchauffe son plat.
Ensuite, nous allons nous promener, avec ou sans le fauteuil roulant. Je reste ensuite jusqu’à 17 h 30. Elle aime boire de la soupe pour le souper, donc je vais en chercher pour elle.

En tant que garde à domicile, on accomplit de nombreuses tâches d’aide, on se promène, on joue aux cartes, on participe aux activités de la maison de retraite, on fait les courses avec les patients, on discute, on joue à un jeu de société... Et surtout, on écoute les personnes pour qu’elles puissent s’exprimer. Elles n’ont pas beaucoup de monde à qui parler ; le simple fait de les écouter fait déjà énormément.

Votre bénévolat apporte beaucoup aux autres, mais en retirez-vous vous-même de la satisfaction ?

Beaucoup, oui. J’ai une mission, j’aide les gens, et je me nourris de cela. Pour devenir riche, il faut faire autre chose par contre ! Même si je suis évidemment contente de recevoir des indemnités, mais cela demande de la passion.

Pouvez-vous citer l’un de vos plus beaux souvenirs de bénévolat ?

C’est difficile de choisir un souvenir précis, mais vous savez, avec la dame que je m’apprête à voir, je ris souvent aux éclats ! Avec des larmes et tout, vous pouvez le croire ?! Et constater que ma simple présence peut l’égayer tout au long de l’après-midi, ça me rend aussi très heureuse.

Avez-vous quelque chose à ajouter, des conseils pour les personnes qui souhaiteraient également faire du bénévolat ?

Ça fait tellement sens. On rend service à la société. Même s’il y a beaucoup de négativité et que tout ne tourne pas parfaitement rond, il ne faut jamais oublier les points positifs : je suis quand même contente de vivre en Belgique, on reçoit beaucoup dans notre pays. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je veux donner quelque chose en retour…

Tenté(e) par une expérience de bénévolat chez Solidaris Brabant ?