02-05-2024

 « Ce grain de beauté était là depuis toujours, mais en 2000, il a soudainement changé de couleur », entame Marianne Bosman. « Avec deux jeunes enfants, j’avais une vie de famille bien remplie, et je n’y ai donc pas beaucoup prêté attention. Ce n’est que lorsque mon frère a remarqué, des mois plus tard, que mon point de beauté était différent que j’ai décidé de consulter un médecin. » 

 

Un grain de beauté pas si innocent

Lorsqu’elle s’est rendue chez le dermatologue, celui-ci a immédiatement enlevé le grain de beauté et a procédé à un examen plus approfondi. Moins d’une semaine plus tard, Marianne recevait le verdict : c’était un mélanome, la forme la plus agressive et la plus rare des cancers de la peau.

Ce diagnostic a été un choc. « Je ne prenais pas spécialement de bains de soleil et je mettais souvent de la crème solaire. Enfant, j’ai peut-être attrapé quelques coups de soleil, mais qui n’en a pas eu ? L’annonce du diagnostic de cancer de la peau m’a bouleversée. Je m’inquiétais pour ma famille », se souvient Marianne. 

Suite à cette annonce, Marianne a été suivie de manière intensive : elle s’est rendue régulièrement chez le dermatologue, a passé des échographies des ganglions lymphatiques et des radios des poumons. Au bout de 5 ans, le danger était passé. Les risques de rechute étant devenus faibles, il lui « suffisait » de faire contrôler ses grains de beauté tous les ans.

 

 Enfant, j’ai peut-être attrapé quelques coups de soleil, mais qui n’en a pas eu ? 

© Stijn Wils

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Des métastases ont suivi

Cependant, en 2016, Marianne découvre une grosseur près de sa clavicule. « J’ai tout de suite eu des doutes et j’ai décidé de consulter mon médecin traitant. Ce dernier m’a fait passer une échographie et une IRM ». Les scanners ont révélé que le mélanome s’était métastasé. 

« Il y avait des métastases dans mon poumon, mon cou et ma cuisse », explique Marianne. Elle commence alors une thérapie ciblée, c’est-à-dire un traitement médicamenteux qui se concentre uniquement sur les cellules malades (à l’inverse d’une chimiothérapie conventionnelle qui tue de nombreuses cellules malades et saines, sans faire la distinction).

La thérapie ciblée a été un succès et, en quelques semaines, Marianne a senti que les métastases dans son cou diminuaient. « Avec ma famille, nous étions pleins d’espoir, car le traitement était très efficace, mais j’ai énormément souffert des effets secondaires. J’étais très fatiguée, j’ai eu des inflammations sous-cutanées, j’ai souffert de nausées, de démangeaisons... Et j’en passe ».

Après quelques mois, toutes les cellules cancéreuses semblaient avoir disparu. « Nous étions euphoriques », raconte Marianne. Mais ce sentiment a été de courte durée, car un scanner de contrôle a révélé la présence de 10 nouvelles métastases au cerveau. « Les deux mois qui ont suivi ont été déterminants. J’ai suivi une radiothérapie ciblée et une immunothérapie. C’était intense, mais ça a marché. »

 

Une rémission… à l’ombre

Aujourd’hui, cela fait presque 7 ans que Marianne est en rémission. « Cela signifie que je suis guérie, en langage médical », sourit-elle. « Mon risque de cancer de la peau ou de nouvelles métastases n’est aujourd’hui pas plus élevé que celui de n’importe qui d’autre ». 

Bien entendu, elle continue à prendre les précautions nécessaires. « Je reste très vigilante », prévient-elle. « Nous partons toujours en vacances dans le Sud de la France, mais je ne suis jamais en contact direct avec le soleil. Je porte des manches longues, un pantalon long et une casquette ». 

 ‘Se couvrir, se planquer et se tartiner’, c’est ma nouvelle devise 

Aujourd’hui, Marianne a une devise : « se couvrir, se planquer et se tartiner », soit porter des vêtements, des lunettes de soleil et un couvre-chef pour se protéger des rayons UV, ne pas s’exposer au soleil entre 12 h et 15 h et appliquer une crème solaire avec un facteur de protection élevé d’au moins 30 SPF. 

Se tartiner beaucoup, en tout temps

Marianne, devenue experte, explique aussi que « dans la pratique, nous n’appliquons qu’un tiers de la quantité de crème solaire recommandée, et la protection est donc beaucoup trop faible ! ». Pour se tartiner tout le corps, il faut environ 35 ml de crème solaire, soit environ 7 cuillères à café. Il ne faut donc pas être avare en crème solaire ! Pour une protection solaire optimale, il est également important de renouveler l’application toutes les 2 heures.  

Par ailleurs, selon Marianne, la conviction qu’il ne faut appliquer de la crème solaire que durant les vacances est la pire erreur. « La plupart des gens appliquent uniquement de la crème solaire lors de vacances au soleil au bord de la mer ou à la montagne, mais en réalité, il faut toujours faire attention aux rayons UV. Même lorsque le soleil ne brille pas, les rayons UV sont présents dans l’air. Ils traversent les nuages, le brouillard ou la brume et endommagent votre peau si vous n’êtes pas suffisamment protégé. Pensez donc à mettre de la crème solaire dès que vous prévoyez une activité en plein air » .

Enfin, Marianne recommande de surveiller de près ses points de beauté et taches cutanées. « Personnellement, je vérifie mes grains de beauté et taches cutanées selon la règle ABCDE. Je scrute tout mon corps. Je vérifie soigneusement s’il y a de nouvelles taches, si les taches changent de forme, de couleur, de taille ou d’aspect, je regarde le bord des taches... Mon mari vérifie l’arrière de mon corps. Je vais également chez le dermatologue une fois par an pour des contrôles. » 

 

© Stijn Wils

Marianne

Cancer de la peau, mais 2e chance 

Malgré les épreuves, Marianne continue de croquer la vie à pleines dents. « Je me rends compte que j’ai eu beaucoup de chance. C’était souvent difficile, mais j’ai toujours pu compter sur ma famille et mes amis. J’ai eu une deuxième chance et j’en suis très reconnaissante. »  

Depuis plusieurs années, Marianne est membre du conseil d’administration de l’association de patients Melanoompunt. « En tant que patiente, je me tournais vers cette association pour poser mes questions. Cela m’a beaucoup aidée. Aujourd’hui, je suis heureuse de remonter le moral d’autres patients. « ‘Regardez-moi’, je leur dis. Je suis la preuve vivante que l’on peut guérir !’ »